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Crues 2018 en Béarn

Crues 2018 en Béarn : de l’art de savoir prendre du recul…Une réaction « à chaud » de la Fédération de Pêche des Pyrénées-Atlantiques

Les images de ces derniers jours sont encore bien ancrées dans les esprits : gave de Pau, gave d’Oloron, Saleys…de nombreux cours d’eau béarnais ont « réagi » à la forte pluviométrie du 12/06/2018.

La Fédération exprime tout d’abord son profond soutien à toutes les personnes qui ont été durement touchées par cet événement. Elle souhaite apporter quelques précisions sur les impacts sur le milieu naturel.

Ces crues viennent ponctuer une saison de pêche en rivière dont les conditions ont rarement été « idéales » jusqu’à présent, compte tenu des débits soutenus dès le mois de mars.

Nul doute que ces évènements auront un impact sur les populations piscicoles, en particulier sur la survie des juvéniles de salmonidés. Si les premiers « réflexes », tout à fait humains, conduisent bon nombre de pêcheurs, gestionnaires ou simples badauds à considérer la situation vécue comme catastrophique (« il n’y a plus rien ») et à vouloir prendre des mesures, en urgence, « à la hauteur de l’évènement », il faut pourtant savoir ne pas se précipiter et prendre du recul

A commencer par pondérer l’analyse de la situation :

  • La montée, certes impressionnante, s’est faite de façon progressive durant la journée du 12/06 et fait suite à des débits particulièrement soutenus. Il n’y a pas eu d’effet « brusque », de « vague » qui aurait pu mettre sérieusement en difficulté les populations piscicoles ;
  • L’expérience passée doit nous rappeler combien certaines espèces, comme la truite, sont particulièrement « résilientes ». Au cours des siècles, les populations de salmonidés ont en effet dû traverser des épisodes bien plus violents…Les inventaires piscicoles réalisées régulièrement sur les affluents post-crues (exemple sur les nives) démontrent à chaque fois la capacité de ces espèces à s’adapter et à relancer très vite une dynamique.

Puis éviter de considérer certaines mesures comme les plus efficientes :

  • La réintroduction de poissons par des opérations d’alevinage : tous les suivis réalisés depuis de nombreuses années sur différents secteurs de cours d’eau (pourvus ou non en populations naturellement présentes) démontrent la très faible efficacité de cette mesure dite de gestion. Obtenir un quelconque effet sur les populations (en espérant que le poisson introduit puisse se reproduire) ou sur la pêche (en espérant que le poisson puisse grandir et être capturé) nécessite une quantité de déversement sans précédent, en dehors des capacités techniques et financières des gestionnaires.
  • La fermeture de la pêche : faire subir aux pratiquants des contraintes supplémentaires au regard d’aléas climatiques, revient à se tirer une balle dans le pied. Les nombreux suivis réalisés démontrent également le caractère parfois insignifiant du prélèvement par la pêche de loisir sur la dynamique des populations.

En conclusion, et s’il y a lieu de ne pas tomber dans le diktat du « catastrophisme » et de la réaction opportune pour faire le « buzz », il est nécessaire tout de même de s’inquiéter de la récurrence de ces événements, renforcés, certes, par des modifications climatiques, mais aussi et surtout, par des pratiques qui n’ont cessé de contraindre « l’espace rivière » depuis de nombreuses années : disparition des haies, diminution des zones humides au profit de grandes cultures céréalières et d’une urbanisation galopante, travaux de protection contre les crues et recalibrage des cours d’eau qui n’ont eu pour effet qu’accélérer l’intensité des événements (cf. la baisse rapide des débits en moins de 48h) et dont l’efficacité doit nous interroger (cf. les travaux réalisés après la crue sur le bassin amont du gave de Pau).

Ces évènements doivent plus particulièrement nous faire prendre conscience, gestionnaires, pêcheurs, riverains, collectivités locales, de la nécessité de concevoir l’espace rivière de façon globale, à l’échelle de bassin et avec une approche transversale de la gestion du cours d’eau, et ce, dans l’esprit défendue par la loi GEMAPI.

C’est dans ce contexte que la Fédération s’inscrit et poursuivra sa politique dans les prochaines années. Des inventaires réguliers seront menés pour faire progresser la connaissance et mieux estimer les incidences. La situation actuelle renforce en outre la gestion défendue par la Fédération au travers du programme SOURCE, mis en œuvre depuis le 1er janvier 2018, à savoir préserver les petits affluents au travers de travaux de restauration. Ces ruisseaux, véritables « réservoirs biologiques », étant en effet bien utiles pour le maintien de populations naturelles sur un bassin versant touché par des événements climatiques.

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