Abaissement du lac de Fabrèges : Quels impacts sur les milieux aquatiques ?
Un premier éclairage par la Fédération des Pyrénées-Atlantiques pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique
L’incident intervenu le mercredi 16 mars 2016 sur la vanne de garde du barrage de Fabrèges (fissure sur le corps de la vanne suite à un essai réalisé dans le cadre des inspections annuelles) a contraint la SHEM à réaliser un abaissement du plan d’eau afin d’éviter tout risque de rupture du corps de vanne et ainsi pouvoir intervenir sur l’organe en question.
Cet abaissement rapide (1m/h) n’est pas sans conséquence :
- Sur l’activité pêche puisque la teinte marquée du gave du Brousset puis du gave d’Ossau jusqu’à Oloron-Sainte-Marie contraint forcément la pratique (visibilité, modification comportementale des poissons…)
- Sur les milieux aquatiques :
– Dans le lac lui-même. Les poissons ayant survécu sont ceux qui ont pu se réfugier dans le lit amont du lac, ceux qui ont dévalé n’ayant pu échapper à une mort certaine.
– Sur le tronçon situé à l’aval immédiat du barrage de Fabrèges (jusqu’au bassin dit des « Allias »). Mortalité totale des espèces aquatiques.
La SHEM procède à des prélèvements d’eau afin de contrôler les paramètres physico-chimiques (MES – matières en suspension[1]– et taux d’oxygène) des gaves du Brousset et d’Ossau. Ces mesures de suivi et de préservations seront mises en œuvre durant toute la période nécessaire aux travaux de réparation prévus jusqu’au 15 avril. Les différentes interventions ainsi réalisées et celles à venir ont été présentées par la SHEM à la Fédération de Pêche des Pyrénées-Atlantiques et aux AAPPMA de la vallée d’Ossau le lundi 29 mars au siège de la FD. Les travaux consisteront au remplacement de la vanne endommagée par une manchette, travaux mis en œuvre par les équipes de la SHEM et de l’entreprise SAVCO. Par ailleurs, pour se prémunir d’un départ important de sédiments causé par un épisode pluvieux et/ou de fonte des neiges, la SHEM et la société Némeau vont évacuer les boues par un système d’aspiro-dragage, en amont de la vanne de vidange de Fabrèges, ainsi qu’au niveau du bassin des Allias. Parallèlement, dans le barrage de Fabrèges, les pelleteuses de l’entreprise Sarrailh s’activent pour maintenir le fonctionnement des différentes prises d’eau.
Si les valeurs mesurées de MES et taux d’O2 à l’instant T demeurent acceptables (taux inférieurs à ceux pouvant être observés en période de crue) et ce, malgré une eau fortement colorée, l’inquiétude reste vive pour les secteurs situés à l’aval du bassin des « Allias » et de « Geteu ». Cela fait en effet plus de quinze jours que ces particules fines transitent dans le gave, soit bien plus longtemps qu’une crue « classique »…
Ces particules se déposent progressivement dans le lit du cours d’eau, peuvent entraîner son colmatage, et ainsi l’asphyxie des œufs (pour la plupart non encore émergés à cette période) et celle des invertébrés, indispensables à l’alimentation des espèces aquatiques.
C’est pour évaluer les éventuels préjudices subis par le milieu que la Fédération des Pyrénées-Atlantiques pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique souhaite collaborer avec la SHEM pour réaliser toutes les investigations nécessaires. Ces observations pourront être comparées aux suivis réalisés par la SHEM dans le cadre de son « Monitoring Environnemental », afin d’évaluer l’impact de cet événement et réfléchir ensemble aux mesures exemplaires qui permettront de compenser les effets induits par cet abaissement.
Cet événement, certes exceptionnel, rappelle toutefois les contraintes induites par les barrages, et ce, quel que soit leur dimensionnement. La Fédération rappelle à ce titre son engagement pour que de nouveaux ouvrages ne viennent pas s’ajouter aux existants sur les cours d’eau des Pyrénées-Atlantiques
[1] MES : Ce sont des particules fines en suspension dans l’eau, provenant généralement d’une remobilisation des sédiments fins déposés dans le fond de la retenue.